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Médicaments non remboursés : vers la vente en supermarché ?
Médicaments non remboursés : vers la vente en supermarché ?
L'Autorité de la concurrence s'est prononcée jeudi en faveur de la vente des médicaments non remboursables en dehors des pharmacies, qui en ont jusqu'ici le monopole, ce qui permettrait de faire baisser leurs prix. Dans son avis, l'Autorité relève de "très forts écarts de prix", allant de 1 à 4, d'une officine à l'autre sur ces produits d'automédication. Pour y remédier, elle préconise une libéralisation "limitée et encadrée" de la vente des médicaments non remboursés, qui permettrait de faire baisser leur prix de vente de 11,4 à 16,3 %.
"Nous pensons que le statu quo ne peut pas être maintenu. (...) À l'heure actuelle, le consommateur n'est pas en mesure d'arbitrer entre telle pharmacie et telle autre", a déclaré le président de l'Autorité Bruno Laserre, au cours d'une conférence de presse présentant les résultats de l'enquête menée depuis février dans le secteur du médicament.
Avis seulement consultatif
Les médicaments non remboursés sont en plein essor : leur marché pèse 2,2 milliards d'euros par an, selon l'Autorité. Permettre la vente des médicaments non remboursés dans les supermarchés et autres points de distribution engendrerait une économie globale d'environ 270 millions d'euros par an, selon ses estimations.
L'avis de l'institution reste consultatif. Mais en cas d'application, l'Autorité pose également des limites à la libéralisation de cette vente. "Il n'est pas question de permettre la vente de ces médicaments sans la présence d'un diplômé en pharmacie", a expliqué Bruno Lasserre.
Contrôle d'un professionnel, même en supermarché
Même en supermarché, les médicaments non remboursés devraient donc être vendus sous le contrôle d'un professionnel compétent et soumis aux règles de déontologie des pharmaciens. La vente devrait également avoir lieu dans des "espaces dédiés et délimités, avec un encaissement distinct", selon l'Autorité.
L'ouverture de la vente devrait être limitée aux médicaments d'automédication, non remboursés par la Sécurité sociale, achetables sans ordonnance, ainsi qu'aux "produits frontière", comme les tests de grossesse et les produits d'entretien pour lentilles.
D'après l'Autorité, la fin du monopole des pharmacies sur la vente de ces produits devrait avoir un effet limité sur leurs marges, estimé entre 3,7 et 5 %. "Ce n'est pas de nature à remettre en cause la rentabilité des pharmacies", a assuré Bruno Lasserre. Pour compenser cette perte de revenus, l'Autorité propose de renforcer le rôle des pharmaciens, en rémunérant leurs conseils sur un mode forfaitaire, ou encore en les encourageant à se lancer dans la vente de médicaments en ligne. Les commerçants pourraient également vendre de nouveaux produits paramédicaux.